Semaine 3

24 – 30 octobre 2016

Julie et Fabien sont partis. C’est Alex qui prend le relais avec Karel. La semaine est tendue en terme d’emploi du temps. Après avoir fait beaucoup de ballades et nos repérages, glanages d’images et de sons, il faut désormais les monter, les encoder, les mettre en ligne et continuer à travailler sur le site. Il prend forme sur notre serveur local mais nous prévoyons de le faire migrer vers notre hébergeur. À la clé, si nous y parvenons, il sera accessible au public à la fin de la semaine. Cette satanée connexion internet devrait, elle aussi, arriver vendredi… On y croit ! Karel a sympathisé avec Gaël, le dépanneur informatique de Lusignan pour tenter de trouver des solutions alternatives avec la connexion de nos voisins, pour l’amplifier… ça marche mais ça rame.

Mais surtout, nous avons accumulé beaucoup de matière, et la traiter prend du temps. D’abord orientées nature et territoire, nous allons continuer nos captations sur les thématiques des quatre éléments. Progressivement nous tentons aussi de récolter des paroles et faire entrer de l’humain… C’est l’autre l’objectif de cette semaine. Les choix sont cornéliens. Nous avons déjà rencontré ou repéré de nombreuses personnes ressources vers lesquelles nous aimerions aller. Impossible de les voir toutes… et de faire l’indispensable rencontre humaine qui préside à toute acceptation d’être filmé ou enregistré. La méfiance envers les médias, que nous ne sommes pas, est désormais générale. Et on comprend bien cette position… De nos jours, essayer de capter une parole sensible ou sincère est devenu bien compliqué.

Les ateliers avec les jeunes de Lusignan et de Rouillé se préparent. Il y aura 22 jeunes de 12 à 15 ans. Ceux de Lusignan participent déjà cette semaine à un chantier. Ils vont construire un poulailler avec des palettes de récupération. L’objectif est de l’offrir à l’école afin de recycler les déchets alimentaires produits par la cantine. Quant à nous, nous leur proposons deux initiations. La première est encadrée par Alex et axée autour du light painting. Elle se déroule dans le grand entrepôt qui accueille les ateliers de la ville. Il faut faire un minimum le noir pour travailler sur cette technique photographique qui consiste littéralement à peindre avec de la lumière. Alex propose à son groupe de réaliser deux images autour de l’eau et du feu, avec les éléments de décors présents sur place.

Karel reste dans le studio de prise de vues aménagé dans nos locaux. Il propose une initiation au VJing, une technique vidéo qui permet de mélanger différentes sources d’images entre elles. Le dispositif est complété par un tournage en direct des jeunes, qui doivent inventer une situation en rapport avec les mix diffusés. Là-encore, des séquences liées à nos quatre éléments fondamentaux leur sont soumises. Ils comprennent très vite le dispositif et sont très réactifs. Une tonne de bonnes idées émerge. On rigole bien… mais ils sont aussi sacrément efficaces !

Le lendemain, Alex part en tournage de bonne heure pour aller filmer les éoliennes dans la brume matinale. Il fait également des plans larges du territoire avec ce qu’il nomme les « skyline » pour fabriquer des images où la ligne d’horizon est facilement découpable… Karel est dans le code jusqu’au coup. Les premiers montages sortent des ordinateurs, les encodages sont lancés et l’intégration suit son cours.

Sabine, Karel et Fabien écrivent des bouts de textes pour relater la création. Là-encore, l’écriture collective montre ses limites. Il faut trouver un ton général qui convient à toute l’équipe. Fabien est le premier a faire des propositions. Il faut valider les matières une par une, faire attention aux noms des lieux-dits, villages, villes et personnes nommés, sélectionner des photos, faire le tri et agencer la matière audiovisuelle… tout en continuant inlassablement d’organiser les jours qui suivent… Nous organisons des séances Skype pour se parler. Malgré les distances qui nous séparent, on a vraiment l’impression d’être dans la même énergie. Fabien a profité du week-end pour nous faire parvenir les images qu’il a produites la semaine passée.  Les mails fusent, les appels s’enchaînent , les discussions bouillonnent…

Pendant que Karel fait de courtes animations en stop motion avec les cartes du territoire (de la Cassini de 1750 à la carte IGN actuelle), Alex continue sa collecte d’images et de sons. Aujourd’hui, il part sur les traces d’un patrimoine invisible, lié à nos quatre éléments réunis. C’est un tournage clé et c’est à la Tuillerie Victot à La Boissière, près de Sanxay, où il est reçu par Benoît. Il travaille seul dans cet immense lieu familial où il fabrique des tuiles et des tommettes à l’ancienne. Alex tombe véritablement sous le charme de cette entreprise, de son histoire et de son implantation dans l’ancien lavoir du coin.

Il revient avec une description radiophonique, de superbes photos et des vidéos du lieu et un entretien au long cours avec le maître des lieux. Magique… Pour rencontrer Benoit et sa tuilerie, suivez ce lien
Un seul regret, on a loupé la dernière cuisson qui a eu lieu la semaine dernière. Pendant 50 heures, les tuiles sont cuites dans un four alimenté au bois. Les parois du four rayonnent encore de la chaleur plusieurs jours après que les tuiles aient été vidées. La prochaine fournaise aura lieu fin novembre, après notre résidence. Karel, celui de l’équipe qui vit le plus proche d’ici, se propose de trouver le temps pour revenir filmer cet évènement. En fait il faudrait prolonger cette résidence pour bien faire… La perche est tendue ! À bon entendeur.

Julie et Fabien avancent de leur côté sur le travail graphique de cette création. Les travaux sont secrets… pour le moment. Karel continue les montages.

Nous mangeons à midi avec Sandra. Sandra est la coordinatrice du Parcours d’Education Artistique et Culturelle « Spray, diffuseur de culture en Pays Mélusin » sur la Communauté de communes du Pays Mélusin. Elle est aussi la Chargée de développement culturel du Pays des 6 Vallées. Alex fait un point avec elle pendant que Karel continue ses montages à table, en attendant de manger… Sandra doit passer nous voir le soir au gîte pour  voir quelques images ainsi que le site en développement… à un endroit où internet fonctionne. Tout se passe bien jusqu’au lendemain, et une petite ligne en fin d’un mail que nous prenons comme un »scud missile ». Elle nous rappelle qu’il y a un paramètre qu’il ne faut pas que nous négligions dans ce travail  : « le diagnostic culturel », fruit du travail des acteurs du territoire. Un point inscrit dans le cahier des charges de cette résidence Spray et qui doit d’une manière ou d’une autre trouver sa place dans notre travail de création… Début de longues discussions entre nous, sur une vision de la culture qui nous semble bien technocratique, au regard de notre approche de cartographie élémentaire… Alex et Karel en parlent jusqu’à tard dans la nuit, et le lendemain un Skype de crise avec Sabine est organisé. Nous pensions tenir notre création mais elle prend un nouveau tournant… On aime ça !

Aujourd’hui, Alex a rendez-vous avec Clara Alonzo, responsable de ce que l’on nomme le petit patrimoine mais que nous considérons de notre côté comme le vrai patrimoine. Après une discussion à bâtons rompus sur son travail et sur le territoire, elle lui propose de la suivre voir le Four à chaux des Amilières près de Jazeneuil. Écoutez l’entretien avec Clara, suivez ce lien.

Après les éoliennes dans la brume, Fredy Poirier, maire de Cloué, très aidant dans nos recherches, nous met en contact avec un agriculteur. Impossible de passer à côté d’une collecte auprès des hommes qui travaillent la terre… Rendez-vous sur la route de Cloué dans un immense champ de terre où deux tracteurs labourent et sèment à perte de vue. Alex se pose avec son matériel photo et son enregistreur sonore dans le champs et poursuit ses skylines vidéo dans la brume matinale. Après le temps des labours, c’est désormais le temps des semis… De petites graines, qui bientôt produiront une plante dont on fera du pain ?

En cette fin de semaine à la fois fraîche et torride, le dernier tournage tourne autour d’un énorme chantier de construction d’une éolienne. Un colosse de 80 mètres et de centaines de tonnes qui va s’installer à la frontière de Coulombiers. On négocie de pouvoir monter dans l’une de celles qui sont déjà présentes et en fonctionnement sur le territoire. Le responsable nous prévient que c’est une opération délicate qui nécessite d’arrêter l’éolienne…

La semaine s’achève déjà, il faut faire des transferts de données, réaliser un backup complet, préparer la suite. On attend toujours une réponse pour pouvoir aller filmer l’immense silo de céréales qui domine Lusignan, le temps se resserre. On pense aussi qu’il faut trouver un lieu pour le 18, le jour de la restitution.

Vendredi en fin d’après-midi, les jeunes, font la présentation du poulailler qu’ils ont construit cette semaine. On se joint à eux, on monte un écran et on projette le résultat des atelier.s On parle des médias, des images toutes fabriquées et formatées qui nous sont proposées en permanence…

Fin de la semaine 3.

A suivre…

[ssba]